--- Activating targets. Get ready. Training beginning in 3. 2. 1. Start ! ---

Héliana releva les yeux et le MK-57 Sniper qu'elle avait entre les mains. Elle effectua immadiatement une rotation de 180 degrés en direction de la cible dans son dos et tira dans la tête. A droite. Gauche. Haut. Roulé-boulé. Balle après balle, cible après cible : une balle, un mort. Plus que quatre balles. Trois. Deux. Une.
Elle lâcha le MK-57 aussitôt après son dernier tir, roula sur le côté et tira les deux blasters MK-12 de l'arrière de sa ceinture. Le regard acéré, elle abattait la cibles au moment même où elle se positionnaient, ne laissant même pas le temps aux balles adverses de partir.
Elle avait également gardé un compte mental du nombre de cibles abattues et de leur nombre limité.
Cinq. Quatre. Trois-deux. Une.

— Boom. Headshot.

La dernière cible disparut et les statistiques s'affichèrent sur l'écran récapitulatif :

--- Subject : STEINFELD Heliana ---
--- Training level : 10 ---
--- Number of Targets : 56 ---
--- Number of targets shots : 56 ---
--- Accuracy : 98% ---

Reprenant son souffle, la pilote ne put cependant pas retenir un sourire : elle n'avait pas trop perdu la main : une seule balle avait manqué sa cible.
Après un passage dans le vestiaire pour repasser des habits plus propice aux rares interactions sociales qu'elle avait, elle retourna dans les couloirs de la base : toujours pas de mission à l'horizon. L'état-major devait encore avoir peur de la mettre sur des tâches trop délicates. Qu'a cela ne tienne, elle continuerait à s'entraîner.

Au détour des couloirs de la base cependant, elle croisa un jeune homme en habits militaires, comme elle. En temps normal, elle l'aurait sans doute croisé sans même le voir, mais quelque chose dans son regard, cette manière qu'il avait de la dévisager discrètement avec une sorte de sourire évanescent aux lèvres la mettait, sans qu'elle puisse l'admettre, mal à l'aise. Elle se contenta alors d'une brève fusillade de regard alors qu'elle passait.

*Tu veux ma photo ?* se retint-elle de dire à voix haute.

HRP:

ϟ Une nouvelle pièce, Héliana Steinfeld ϟ

HRP:

Le garçon avait disparu depuis quelques secondes de son champ de vision, mais Héliana constata en soupirant que celui-ci la suivait à distance. Encore un timide ? Ou un gros lourd ? Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Allait-elle avoir le droit à la typique "Mais que fait une aussi jolie jeune fille dans l'armée" à laquelle elle avait pris l'habitude de répondre par un coup d'boule accompagné d'un "J'casse des culs" ? Ou bien, mais c'était moins probable, un stagiaire ou autre nouveau venu qui s'était perdu et qui avait pensé voir dans son regard l'expérience d'une personne à qui il pouvait demander de l'aide.
Alors que le garçon se rapprochait d'elle, elle préféra penser à cette hypothèse : ce serait dommage de ruiner un si joli visage.

— Excusez-moi, Héliana Steinfeld ?

Ok, primo, il connaissait son nom, donc le coup du dragueur était moins probable. Mais ça diminuait aussi les possibilités que ce soit quelqu'un de totalement perdu. Comment la connaissait-il déjà ? Léger soupir : sa réputation de tueuse l'avait peut-être précédée.

— Oui ? On... se connaît ?

Héliana restait suspicieuse : quelqu'un qui la connaissait mais qu'elle ne connaissait pas était souvent de mauvaise augure.

HRP:

Shirogane Hayao... Ce nom ne signifiait rien pour elle. Elle ne s'était donc pas trompée : elle ne le connaissait pas. Cette conversation prenait un air de demande d'interview et, comme par hasard, la jeune femme s'était faite aborder sur le chemin de la cafétéria. Bien joué pour lui qui proposait un truc à manger. Héliana progressa, le garçon à ses côtés, vers la cafet, sans masquer sa curiosité et sa méfiance.

— Va pour le café, Hayao, dit-elle en haussant les épaules. De toute manière j'ai une petite faim perso.

Alors qu'elle commençait à se servir devant son collègue, Héliana essayait d'anticiper. Quelles genres de questions pouvait bien avoir un Lieutenant à son égard ? Un nouvel ordre de mission ? Un test d'aptitude ?
Lorsqu'enfin ils furent assis face à face, elle avec son thé et son gâteau, elle posa son menton sur ses mains jointes :

— Bien... je t'écoute.

"A qui vous pensez être" ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Qu'est-ce qu'il voulait qu'elle comprenne ? Elle ne pensait être personne. Elle était elle, un point c'est tout. A priori, il avait parcouru son dossier. Hell, il aurait dû y voir qu'elle était orpheline, aucun lien de sang connu à ce jour et, maintenant qu'elle y pensait, elle ne cherchait pas à retrouver qui que ce soit. Ses parents l'avaient abandonnée ? Ok, elle les abandonnerait aussi. Peu lui importait. Elle avait grandi sans parents et, bien que cela lui soit arrivé quelque fois, l'idée de savoir ce que ça faisait d'avoir un foyer, un chez soi où revenir et des gens avec qui elle était liée par le sang avait fini par la quitter. Aujourd'hui, elle était seule, et c'était sans doute mieux comme ça.

— D'une, commença froidement Héliana après une gorgée de café, je savais pas que les lieutenants - sauf votre respect - avaient accès à mon dossier. De deux : non j'en ai pas, qu'est-ce que ça peut bien changer ?

La réponse était sèche, et son interlocuteur sembla vouloir détendre l'atmosphère en l'autorisant à lui poser des questions :

— Facile : vous semblez bien jeune, "lieutenant". Je serais curieuse de savoir comment vous êtes arrivé à ce titre aussi vite.

Hayao paraissait jeune, à peine majeur. Bien qu'à cet âge elle soit elle-même déjà reconnue comme une assassine d'élite, elle doutait que les prodiges comme elle ou son commando ne courent les rues. A moins que...

Il semblait lui reprocher son manque d'attaches, comme laissant sous-entendre qu'un soldat qui a quelque chose ou quelqu'un à défendre vaut plus que quelqu'un comme elle.
Attends, il avait l'intention de l'engager ? Serait-ce donc l'envoi en mission qu'elle avait espéré ? C'est qu'elle commençait à se rouiller à n'affronter que des bots à longueur de journée. Etait-ce de la flatterie à laquelle s'essayait Hayao ? Cette attention aiguisa l'attention de la tueuse ; ok, c'était ce genre de boss un peu "J'aime beaucoup ce que vous faites". Elle avait tendance à les supporter, et au moins elle évitait les affrontements frontaux avec les autres plus cassants.
Bon, il semblait ouvert pour l'engager sur une mission, elle n'ajouta rien sur ce sujet et le laissa continuer sur son idée.

Après, quant à la manière dont il avait obtenu son grade. C'était une sorte de manière dont la hiérarchie lui avait dit de se taire sur leur incompétence ? Tsss, saletés.
Au dernier sujet abordé cependant, Héliana réagit : vendetta personnelle ? Ah oui c'est vrai, ce jeunot avait eu accès à son dossier. Sacrément fourni, elle aurait cru que cette partie aurait été censurée elle aussi. Bah, inutile de nier. La "laisse de toutou", en revanche, fit tiquer la tireuse. Pourquoi ce terme volontairement dégradant ?

— Pour quelqu'un de "haut placé", vous ne semblez pas comprendre grand-chose au commandement, "lieutenant". S'ils m'ont mis cette saleté, c'est parce qu'ils ont peur que je dérape, que je "récidive" comme ils disent. Ils pigent rien c'est tout. Vous, z'avez l'air d'avoir compris : c'était purement personnel. J'avais des cibles en têtes, j'les ai abattues, point. J'ai pas forcément envie d'shooter n'importe qui d'autres...

Son regard dériva vers d'autres militaires présents dans la salle :

— ... quoique parfois, c'pas l'envie qui m'en manque...

Elle soupira sans réelle conviction.

— De toute manière, au moindre pet d'travers...

Elle mima une balle qu'elle se tirerait dans le crâne : " Boom "