"Ouaaah, c'est magnifique !"

S'exclama-t-elle en se grattant le nez.

"Oh des agresseurs, directement les grands mots !"

Elle se tourna alors vers Zen et le prit en photo ! Hop ! Une fraction de secondes lui avait suffit.

"Voilà, t'es mon agresseur aussi !"

Et la voilà qui se mit à rire. L'imaginer dans ce rôle était drôle puisqu'il avait l'air de tout sauf ça le petit Zen.

*De pommes de terre ? Ils ont les mêmes corvées que nous à l'armée ?*

Quelle coïncidence ! Comme elle le comprenait, elle le plaignait vraiment.

"Roh, tu as dû souffrir...
..
.
Moi ? Euh..."

Elle se rappela qu'elle avait bêtement ré-ouvert sa blessure il y a à peine quelques jours. Apparemment, celle-ci avait du mal à cicatriser, allez savoir pourquoi ? Peut-être ne faisait-elle pas assez attention.

"Disons que j'ai fait un mauvais mouvement l'autre jour et que ça s'est ré-ouvert. Du coup, j'ai mal parfois, ça me tire."

Avoua-t-elle très honnêtement.

"Mais bon... ça va s'arranger. C'était pas grand-chose, hein !"

Alors que Zen lui parlait de sa glace, la demoiselle s'était accroupi, dos à lui, près de fleurs très jolies (enfin pas trop près parce que ça commençait à la déranger de plus en plus) afin de faire des photos en gros plan. Ça donnait super bien !

La blessure par balle était apparemment quelque chose qui dérangeait Zen.

*Ça va, t'es pas coupable...*
"!?"

Les yeux de Shoko s'écarquillèrent au moment où il eut achevé sa phrase. Elle ravala sa salive ainsi que la pensée qui venait de lui traverser l'esprit. Cet endroit n'était pas sa maison, ce n'était pas chez elle. Il fallait qu'elle se fasse à l'idée qu'on puisse dire des choses pareilles sur son peuple qui, au fond, n'avait essayé que de survivre du mieux qu'il pouvait.

"Tu ne devrais pas dire ça..."

Doucement, la Zogillienne se leva, appareil photo toujours attaché autour du coup et tenu par une main. Elle se tourna vers Zen avec une nouvelle expression sur son visage. C'était la première fois de la journée qu'elle était aussi sérieuse.

"Les civils, que ce soit ceux d'ici ou ceux de là-bas, souffrent tous."

Shoko s'avança plus près de lui, son regard était toujours intensément posé sur celui du prince.

"Zogillien ou Eolien, quelle importance ? Au final, nous sommes pareils."

La main de la jeune fille se posa sur le torse de Zen.

"Nous avons tous un cœur qui bat au fond de nous."

Tout en écoutant Zen, la demoiselle remit son appareil photo dans son sac à dos. C'est alors que Zen dit des choses qui la bousculèrent, la Zogilienne lança ces mots :

"Et tu crois qu'ils le veulent !!!!??? Tu penses qu'ils souhaitaient que ce virus vous tue !?"

La spontanéité de Shoko venait de la mettre dans de beaux draps. Evidemment, elle s'en rendit immédiatement compte et serra les dents. Les poings serrés, elle détourna le visage.

*Qu'est-ce que j'ai fait ?*

Elle était en danger à présent, elle venait très clairement d'insinuer ce qu'elle était. Du coup, elle se mit à courir dans le sens opposé à Zen.

Shoko ne courait pas les yeux fermés, comme les animes, parce qu'elle savait pertinemment qu'elle ne verrait plus son chemin et qu'elle se planterait par terre ! Du coup, elle courait, l'air triste, en direction des fleurs, à nouveau. C'est alors que Zen la stoppa en l'attrapant par le poignet tout en essayant de la convaincre de rester avec lui. Il tenait tant que ça à leur promenade à deux ? C'était bien mignon tout cela, mais la jeune femme était en mission et elle ne devait pas l'oublier. Ne pas oublier.. mais... Comment pouvait-elle dire non à son beau sourire ?

"Je..."

Elle dévia le visage... Non pas parce qu'elle voulait se cacher, mais parce qu'elle allait..

"A...a.... ATCHOUM !"

Voilà ! Ce qu'elle craignait arriva : l'allergie avait pris le dessus. Miss Sashinami se frotta le nez avec son index et regarda Zen.

"N'en parlons plus... je ne veux pas me disputer avec toi."

Elle se remit à éternuer.

"Pardon, je suis désolée ! Je-.."

Elle ne voulait pas lui faire subir son état car, lorsqu'elle était en période d'éternuement, c'était compliqué pour elle. C'était très souvent accompagné par des maux de tête, plus tard. Du coup, la demoiselle espérait changer d'air afin d'éviter d'empirer la situation.

"Est-ce qu'on pourrait pas plutôt aller au fleuve ?"

Vraiment, voir la tour lui ferait terriblement plaisir, mais elle préférait être sûre de pouvoir tenir le coup le reste de la journée. Il fallait donc faire un choix ! Hop, elle éternua à nouveau. Rapidement, elle se saisit de se sac à dos d'où elle sortit un mouchoir de son paquet. Puis elle replaça le sac à l'arrière. Après s'être mouchée, en réfléchissant un peu, Shoko reprit la parole toujours avec ce sérieux qui ne la caractérisait que ponctuellement.

"Tu sais Zen... parfois, je me dis qu'il faudrait tout laisser tomber et s'exiler sur une île déserte. Loin de ces problèmes, loin de ces obligations, loin de ces pertes inutiles, loin de ces prises de décisions et de ces origines qui nous éloignent finalement... ce serait mieux de n'être personne... enfin, personne d'autre que le nom qu'on porte. Juste être Shoko et.... ATCHOUM ! Pardon... je disais, un endroit où je serais juste Shoko et toi, Zen par exemple."

Ces noms de peuples créaient des barrières entre les coeurs de gens et cela l'irritait au plus haut point.